Toute la nuit le vent
fit rage. Le bruit, comme si on frappait les cadres des fenêtres, ne cessait
pas.
Tout en me sentant par
intermittence menacé par ce bruit, je continuais de sommeiller à demi.
Subitement, je fus
réveillé en entendant filtrer par la bouche de ma femme comme un sanglot
animal. Tandis que ses paupières frémissait, de l’espace de sa bouche
entrouverte se faisait entendre par bribes un son malsain.
Perdant contenance,
j’entrepris de réveiller ma femme.
À deux, trois
reprises, j’appelais : « Hé, hé ! ».
Ma femme semblait me
répondre à travers cette voix animale.
Je m’affolais de plus
en plus, et voulut lui faire ouvrir les yeux. J’allongeai une main et secouai
son épaule.
À cet instant précis,
elle poussa un cri de frayeur d’une voix d’outre-tombe et ouvrit les yeux.
« Qu’est-ce que
j’ai eu peur… »
Ma femme, tout en
disant cela, poussa un profond soupir et se mit à trembler de tout ses membres.
« Qu’y
a-t-il ? », lui demandai-je. Moi aussi, mon corps tout entier
semblait frissonner de peur.
« Ce rêve était
trop effrayant, je ne supporterai d’en parler. »
« Ce genre de
mauvais rêves, il vaut bien mieux finir par les raconter, voyons ».
« Mais c’était
vraiment trop bizarre. On avait couché un cadavre à côté de moi. »
« Le cadavre de
qui ? »
« Ça, je n’en
sais rien. Je n’ai pas reconnu son visage, ni rien, mais c’était un cadavre
imposant. »
« C’était ça, ton
cauchemar ? »
« Non, pas
seulement, après un moment, c’est devenu horrible ».
Elle frottait son
visage du plat de ses mains.
« Après un
moment, le cadavre a semblé bougé légèrement. On aurait dit qu’il se tournait
vers moi. Puis alors que je le regardais, il s'est mis progressivement à remuer,
et comme il allongeait sa main vers moi, j’ai eu peur et me suis sentie oppressée, et ce doit être à ce moment là que j’ai crié. »
« Mais si c’est
ça, pourquoi as-tu crié ? »
Alors que je
l’écoutai, je me sentis soudain mal à l’aise.
« Hé bien, je
pensais fuir, et je me tordais sur moi-même, mais mon corps ne bougeait pas, et
c’est donc pour ça que j’ai crié de toutes mes forces. Ce faisant, le cadavre
commençait à se relever, et à se pencher vers moi, puis il a allongé sa main,
c’était l’horreur. »
« Que se
passait-il ? »
« Quand j’ai
compris qu’il saisissait mon épaule, j’ai crié au même moment, et puis mes yeux
sont ouverts, et voilà. »
Ma femme, d’un air
soulagé, se releva légèrement. Incidemment, elle regarda mon visage et, choquée,
me dit :
« Mais, tu es
tout pâle. Que t’arrive-t-il ? »