dimanche 9 janvier 2011

Matsugane ransha jiken - 松ヶ根乱射事件 




Yamashita Nobuhiro nous offre ici une adaptation des Bandits d'Akutagawa Ryûnosuke (non publié commercialement en français me semble-t-il) qui si elle n'est pas fidèle est du moins réussie. Il conserve du récit lui-même quelques personnages : du gang de brigands constitué d'un couple de vieux (qui les dirige), deux frères qui convoitent la même femme Shakin, et Akogi, la fille adoptive des vieux, il nous reste donc surtout Akogi, la folle apathique violée par le vieux qui devient une apathique un peu retardée vendue par sa mère à tous les clients de son salon de coiffure, et les deux frères (l'un est dans la police, l'autre est le responsable de l'intrigue principale du film - un accident de la route avec délit de fuite). Le reste de la distribution (tout comme les brigands qui sont en fait réduits à un seul couple, étranger au reste du village où se déroule l'action) est éparpillé au gré des nombreux personnages qui apparaissent dans le film. Yamashita se joue des conventions génériques avec la scène d'ouverture où la femme du couple de brigands est découverte inanimée dans la neige, après un accident de voiture : au moment où le film de genre s'installe autour du corps nu de la jeune femme avec les deux policiers, l'un deux réalise en fait qu'elle est...vivante. Début d'une intrigue chaotique où le couple, à la Bonnie and Clyde, fait chanter le plus jeune frère (pas le flic, donc), essaie de fondre des lingots d'or, (re)trouve une tête au fond d'un lac, et où on découvre que tout le village a participé à l'engrossement de l'Akogi du film. Tout ça d'un ton léger, où les enfants tripotent les cadavres, les scènes érotiques se cristallisent dans des gros plans de cuisse de sanglier crue et saignante, les scènes dramatiques de chantage par un frère qui sautille à pied joints nu dans la neige, ou par un pet de côté guilleret du bandit, et où finalement, la peinture acerbe d'Akutagawa, réalisée maladroitement avec des relents de romantisme béat (oui oui, tout au fond là, dans l'amour fraternel et la rédemption par la maternité, derrière le "livre d'images bon marché pour enfant" de serpent mort, de jalousie, de viol et de meurtre - lettre d'Akutagawa à Matsuoka Yuzuru), trouve ici une expression, certes déviée par un peu d'humour débile, mais du moins pleine et entière, surtout dans le rebondissement pénultième et la jolie scène de fin (que je vous laisse le soin de découvrir...).

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