vendredi 26 novembre 2010

Kaidan Horror Classics - Le Nez (怪しき文豪怪談ー鼻)


Au festival international du film de Tôkyô, hier a été diffusée la version cinéma de deux des quatres adaptations de classiques littéraires commandées par la NHK, Le Nez (Akutagawa Ryûnosuke, adapté par Lee Sang-Il) et Les Jours d'après (Murô Saisei, adapté par Kore-eda Hirokazu). N'ayant pas lu Murô Saisei, je vais m'attarder sur le premier.


Le parti pris choisi par Lee est de situer l'histoire après le conte d'Akutagawa; le film s'ouvre sur un écran noir sur lequel s'affiche le résumé. Naigu, moine au long nez, ayant autrefois joui d'une position enviable à la capitale, a été déchu de ses prérogatives à cause de son long nez, et hante un village misérable en haillons, le visage masqué d'un linge sale. Ce nez caché permettant de préserver le film d'une atmosphère grand guignolesque, le moine est tout de même la cible des quolibets, ce qui semble retranscrire assez fidèlement l'atmosphère de la nouvelle. La scène initiale qui engendre la rupture dans l'action est la suivante : des enfants commencent à se moquer de Naigu qui fait tranquillement sa lessive au bord de la rivière, lui lancent des cailloux. Naigu se lève et les pourchasse benoîtement en faisant le hibou, lorsque l'un des enfants trop effrayé tombe dans la rivière, dont le courant est relativement violent. Il réussit à attraper une branche d'arbre un peu maigre : Naigu entre dans l'eau, attrape l'enfant qui tire sur le linge : le nez découvert, Naigu lâche le garçon qui se fait emporter par le courant. S'ensuit un développement mi-réel mi-onirique sur la culpabilité; Naigu ramène, à la demande de la mère le petit garçon à la "vie" (plus proche d'une vie zombiesque qu'autre chose...), qui se noie de nouveau. Il finit par avouer sa culpabilité (c'est pour ça que le sort ne fonctionne pas?) et la mère le laisse en pâture aux villageois qui finissent par lui couper le nez (le linge, entre-temps, a disparu, semble-t-il dans la lessive préliminaire si je me souviens bien).



Le tout fort bien mené, mais pas bouleversant, cependant suffisamment bien tourné pour ne pas que le nez de Naigu tourne à la farce et que l'histoire du petit garçon fantôme reste crédible (le but du jeu étant bien sûr de faire des films de fantômes - 怪談).  La photographie est jolie, avec des bouts de nature, des rizières et des ruines de masures en bois et le nez a même un petit air champêtre de patate douce. Il manque tout de même l'essentiel à ce film : l'ironie cynique de l'œuvre originale, l'humour à fleur de texte, le film s'enlisant au final dans un moralisme noir (Naigu il est méchant et il a tué le petit garçon par vanité, et les villageois ils sont méchants par ce qu'ils se moquent du nez de Naigu, mais enfin quand même c'est Naigu qui est puni et qui se fait couper son appendice nasal, ouf la morale est sauve). Le film de Lee semble plutôt avoir centré son propos sur l'explicitation de l'inconscient et la lutte de Naigu avec sa culpabilité par l'intermédiaire du petit garçon fantôme, et c'est peut-être par là même qu'il s'enlise dans un exercice convenu, académique.

Peut-être une histoire de fantôme aurait-elle été plus intéressante en piochant dans les nombreuses nouvelles sur le double (comme L'Ombre par exemple, qui doit pas mal au William Wilson de Poe, et qui conte l'histoire d'un mari jaloux qui découvre une liaison à sa femme avec un homme qui lui est en tous points identique) ?

jeudi 25 novembre 2010

Tôfu Kozô - 豆腐小僧

Au détour d'une conversation, découverte d'un nouveau yokai : le tôfu kozô, petit garçon fantôme qui se promène avec une assiette de tôfu dans les mains. Il peut être inoffensif; parfois cependant, l'odeur du tôfu attire de pauvres victimes qui après l'ingestion dudit soja en fromage, se retrouvent infestées de moisissures... Il serait soudainement apparu au milieu de livres de fantômes et de livres pour enfant pendant la période d'Edo. (http://ja.wikipedia.org/wiki/豆腐小僧)

On trouve une statue de bronze de ce petit yokai atypique, tirée d'après les illustrations de Shigeru Mizuki, sur la Mizuki Road dans la ville natale du mangaka (dont on peut admirer de jolies photos ici)


Kitao Masayoshi (北尾政美), 1788

lundi 22 novembre 2010

Kitarô

Il y avait, pour les enfants mais pas que, Gegege no Kitarô...





Et maintenant, un peu moins pour les enfants et surtout pour les adorateurs de yokai,
Kitarô du Cimetière! (Hakaba no Kitarô)



C'est, enfin adaptée en version animée, le premier jet des histoires de Kitarô de Mizuki Shigeru...
Et il y aurait eu avant la seconde guerre mondiale un kamishibai...

dimanche 21 novembre 2010

Ouverture!

Hop, hop, hop, un blog sur mon séjour à Tokyo ! Où on trouvera : des kappa, du manga, du cinéma, du chocolat, des photos de Tokyo, des histoires de Taishô (ou de Meiji si j'ai envie) et peut-être des choses sur la littérature et autres assemblages de mots autotéliques.
 

S'il est facile de traduire neko par chat, la question du kappa est plus délicate. A Tokyo, il  y a, tout près d'Asakusa, un quartier de kappa. Petit animal de la taille d'un enfant de huit ans, une coupe pleine d'eau sur la tête, le kappa aime gambader près des rivages verdoyants, grignoter des concombres, exercer ses talents à la nage grâce au pouvoir de ses gaz, défier les humains au sumo ou bien les attraper pour leur voler leur délicieuse "petite boule de derrière" (shirikodama 尻小玉). Pour faire court.
Le chaton-kappa, point si traditionnel, connaît tout de même sa réalisation dans cet étonnant manga de Sakabashira Imiri, où l'onirisme putrescent le dispute à l'absurde dans un futur post-moderne en miettes :
http://www.imho.fr/nekokappa

mata ne!