lundi 26 septembre 2011

Yūshūkan (遊就館)3-2



Puis, soudain, le lieutenant arrêta de danser, et s’assit devant moi. Il étendit ses mains jaunes, faisant mime de me saisir le cou.
« Enfin, enfin… », dit la geisha, et elle repoussa ces mains.  « Konririyūnikikurage , rentaiki ha hashigodan, oyoshinasai yo »
En disant cela, elle prit une pose théâtrale, mais je n'y compris rien.
Ensuite, je bus, je ne me souvenais plus combien de verres. Au fond du jardin sombre, apparaissaient ci et là de petites lueurs vives.
La geisha semblait devenir de plus en plus belle. Mais quand je la vis se lever, elle me parut étrangement grande, et ses cheveux semblaient toucher le plafond.
Kimura, qui depuis tout à l’heure était resté assis, courba la tête et s’affala sur le sol.
« Hé, hé ! » appela soudain le lieutenant d’une voix effroyable. Les épaules de Kimura tremblaient convulsivement.
« Hé, hé ! » dit à nouveau le lieutenant.
Kimura se redressa raide comme un bâton. Son visage était livide.
Le lieutenant se tourna tout à coup vers moi.
« Professeur », dit-il. « Je viens vous accueillir ».
La geisha se leva précipitamment. Puis elle agrippa mon épaule et m’entraîna hors du salon.
La voiture dans laquelle on me fit monter roulait au-dessus d’une rivière sombre. Sur l’eau noirâtre, ça et là, de toutes parts, apparaissaient de petites lueurs vives pour disparaître aussitôt.

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