Je tentais d’ouvrir les yeux, mais il faisait encore nuit.
Je me rendormis.
Le bruit du vent paraissait s’amenuiser.
Subitement tout devint silencieux ; j’eus le sentiment
de sombrer au fond de l’eau.
Quand je rouvris les yeux, il y avait enfin une faible lueur
à la fenêtre.
Mais je me rendormis.
Je réfléchis tout en dormant.
Il était certain que le lieutenant et le cadavre n’étaient
autres que des rêves. Le cadavre était donc le rêve de ma femme, et le
lieutenant mon propre rêve. Mais qu’en était-il de Kimura ?
Dans ce salon d’un restaurant sombre avec jardin, où ils
étaient tous trois, avec le lieutenant et la geisha, que s’était-il
passé ?
Et alors que j’essayais de réfléchir, il ne faisait aucun
doute que Kimura avait été assassiné par le lieutenant.
Et si c’était le cas, évidemment, qui avait donc rêvé cette
suite ?
Et puis, après tout, moi-même n’avais-je pas été assassiné
tout d’abord au milieu du rêve de quelqu’un d’autre ?
Mais cela, je ne pouvais pas le savoir.
Ma femme n’avait pas parlé d’odeur putride.
Et alors que j’essayais de réfléchir, il ne pouvait s’agir de
cette main. Quelle main était-ce donc ?
La droite, la droite. Si l’on ne dressait que des mains droites, uniformément, au-dessus
de la grille de Kudanzaka, ce serait si splendide !
Elles bougent du poignet jusqu’au bout des doigts.
Elles bougent, c’est embêtant. Il ne faut pas que ce soit
sinistre.
Les soldats exécutent un salut.
S’il en est ainsi, ça n’a pas d’importance.
Puis le fil de ma pensée s’arrêta. Soulagé, je m’endormis à
poings fermés.
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